10 oct. 2015

L'Océan au bout du chemin




Synopsis :


            "Les adultes suivent les chemins. Les enfants explorent."
De retour dans le village de sa jeunesse, un homme se remémore les évènements survenus l'année de ses sept ans. Un suicide dans une voiture volée. L'obscurité qui monte. Et Lettie, la jeune voisine, qui soutient que la mare au bout du chemin est un océan...




Mon avis :

            Après ma petite déconvenue sur Coraline du même auteur, je voulais m’intéresser à un autre de ses titres afin de me fixer une opinion plus approfondie.

            Ni le résumé ni le début ne laisse à penser que nous tomberions dans une histoire fantastique où monstres et la sorcellerie se côtoieront. C’est pourtant dans une telle histoire que le lecteur atterrit.
            A l’occasion d’un enterrement, le narrateur regagne les paysages de son enfance pour la cérémonie. Pensif, errant, ses pas le conduiront jusqu’à la maison des Hempstock, les voisins de son enfance. De fil en aiguille, au détour d’une rencontre avec la doyenne de cette famille, l’homme mature va connaître une rétrospection de sa jeunesse dans laquelle des événements surnaturels interviennent. Avec le soutien de Lettie Hemptsock, de cinq ans son aînée, le jeune enfant devra s’armer de courage pour affronter le mal qui rôde et la tentation de succomber à ce monde de noirceur. Mais quel sera le prix de ce combat ?
            Le tout rédigé dans un style fluide et une intrigue onirique, Neil Gaiman invite son lecteur à un voyage au cœur de ses propres souvenirs.

            Les personnages sont particulièrement attachants.
            Notre jeune protagoniste de sept ans se voit attribuer un comportement naïf, candide mais surtout curieux. Sans ami, il se plonge volontiers dans le monde des livres pour assouvir sa soif de connaissances et d’aventures. Cela n’est pas pour plaire à ses parents, mais ces derniers n’agiront pas pour remédier à la situation.
            A l’instar du narrateur, Lettie Hempstock est une enfant assez solitaire. Il faut dire qu’elle ne répond pas aux « normes » de l’époque, prêtant des paroles assez confuses sur les caractéristiques du monde, émettant des hypothèses sur l’aspect fantaisiste de ce dernier.
            En parallèle de ses deux enfants, de leur légèreté et de leur innocence, les adultes qui les environnent nous apparaîtraient presque comme cruels, n’hésitant pas à infliger des corrections pour des « crimes » dont ils ne possèdent aucune preuve quant à l’implication de leur enfant.
           
            Le style est toujours aussi dérangeant. Si la plume est fluide et agréable à lire, Neil Gaiman fait en sorte que les thèmes évoqués soient pointés du doigt et il appuie là où ça fait le plus mal. La maltraitance familiale, l’adultère, tout y passe et la partie fantastique de l’œuvre ne sert qu’à accentuer et tasser ce malaise.

            Si je fus plus envoutée par L’Océan au bout du chemin que par Coraline, les deux livres restent assez proche par le contenu et la manière dont s’est relaté, bien que le premier soit bien plus mature que le second. Ce n’est toutefois pas encore le grand amour entre Neil Gaiman et moi, et je redoute à présent mes prochaines lectures de cet auteur, qui seront sûrement American Gods ou Neverwhere.


            En conclusion, une plume fluide et entraînante pour une intrigue onirique qui appelle à un repli sur soi et à se remémorer nos vieux souvenirs. Paradoxalement, le thèmes abordés confèrent un sentiment de malaise, qui contraste avec cet ensemble poétique. J’ai plus apprécié que Coraline, mais je ne suis pas encore tout à faire convaincue.



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