20 juin 2016

Marina




Dans la Barcelone des années 1980, Oscar, quinze ans, a l'habitude de fuir le pensionnat où il est interne. Au cours de l'une de ses escapades, il fait la connaissance de Marina. Fascinée par l'énigme d'une tombe anonyme, Marina entraîne son jeune compagnon dans un cimetière oublié de tous. Qui est la femme venant s'y recueillir ? Et que signifie le papillon noir qui surplombe la pierre tombale ? S'égarant dans les entrailles d'une terrifiante cité souterraine, s'enfonçant dans les coulisses d'un inquiétant théâtre désaffecté, Oscar et Marina réveillent les protagonistes d'une tragédie vieille de plusieurs décennies.



Relecture effectuée dans le cadre du challenge ABC Imaginaire 2016, je me souvenais avoir passé un agréable moment, mais sans plus. J’ai donc renouvelé l’expérience sans attente particulière et cet essai m’a davantage transportée que le premier.

L’auteur opte dans le prologue de commencer par la fin. Cela insuffle une intrigue décousue où les questions se mêlent. Pourquoi notre jeune héros a-t-il fugué ? D’autres questions se développent mais celle-ci est la plus grande de toute. Cependant si ce premier choix suffit à lui seul pour démarquer ce roman des autres parutions, vous verrez que ce n’est pas le seul point qui entraîne cette démarcation.
L’intrigue se découpe en deux temps. La première partie peine à démarrer, prenant le temps de présenter personnages et décors. Vieille Barcelone, un peu essoufflée et surtout sombre, on évolue sur un rythme sur un rythme lascif, j’avais l’impression de m’engluer dans une chaleur moite et je ne saurai dire pourquoi. Pourtant rien n’est péjoratif dans ce que je rapporte, c’est juste une question d’ambiance spéciale, un tantinet pesante qu’il faut savoir apprécier au fil de la lecture. Quant aux personnages, ils vont rapidement se lier d’une amitié sincère qui ne laisse présager aucun doute sur leurs futurs sentiments respectifs. Et pourtant…
La seconde partie de l’intrigue gagne en intensité rythmique et en révélations fracassantes. L’intrigue se porte sur une enquête clandestine des deux amis au sujet d’une dame noire se recueillant sur une tombe anonyme. Très vite, des éléments fantastiques vont plonger nos petits malins dans une grande inquiétude et une profonde perplexité mais ils ne reculeront devant rien pour élucider le mystère, atterrissant maladroitement dans un drame sordide éprouvant.
La fin est, bien sûr, le moment des révélations, toutes plus fracassantes les une que les autres, avec un drame déchirant qui a su me tirer quelques larmes malgré sa prévisibilité. Mais c’est bien la preuve qu’on s’est attaché aux personnages, et rien, pas même quelques expérimentations poussées, ne pourrait changer cette fin.

Ce livre propose en parallèle une réflexion sur le thème de la vie et de la mort, comment vivre pleinement la première sans craindre de subir la seconde. Je ne veux pas en dévoiler davantage, mais malgré les éléments fantastiques, ce livre divulgue une leçon de vie que je ne me sens pas prête d’oublier.

Les personnages, comme je le disais, sont très attachants.
Marina et Oscar sont bien sûr les personnages centraux de cette histoire, et ont été façonnés de sorte à être complémentaire, l’une malicieuse et intelligente, l’autre naïf et téméraire. Ils seront accompagnés du père de Marina (dont le prénom m’échappe, je m’en excuse) tout aussi attachant et naïf qu’Oscar, même si cet état de fait ne fait que renforcer l’horreur finale.
Les autres ne servent qu’à renforcer le décor pesant et l’intrigue policière, je ne m’arrêterai pas sur chacun d’eux. Seulement, ils présentent tous une personnalité qui leur est propre, où le blanc immaculé n’est qu’un vieux rêve dans ce fatras de noirceur.

La plume est saisissante, à la fois discrète et acérée, elle nous porte sans difficulté sur les aléas de cette enquête morbide et je dois dire que j’ai eu un petit pincement au cœur en refermant ce bouquin.
Ce ne fut pourtant pas une lecture coup de cœur, loin de là. Mais elle restera quelques temps gravés dans mes souvenirs.



Un très bon roman qui illustre à merveille une ambiance décalée dans une Barcelone d’antan. Les sentiments s’effacent derrière une enquête policière meurtrie par un vent fantasque sur une quête illusoire de guérison. On s’attache sans prendre garde à ces deux jeunes personnages unis au hasard d’une rencontre hasardeuse. Et la prévisibilité de la fin n’a pas empêché quelques larmes de couler. Un très bon roman, que je conseille à tous. Quant à moi, je vais chercher d’autres romans de Carlos Ruiz Zafon.



15/20




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