28 août 2016

La Zone du Dehors




2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. A la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement. Au coeur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur espace, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution. En perdant beaucoup. En gagnant tout. Premier roman, ici réécrit, La Zone du Dehors est un livre de combat contre nos sociétés de contrôle. Celles que nos gouvernements, nos multinationales, nos technologies et nos médias nous tissent aux fibres, tranquillement. Avec notre plus complice consentement. Peut-être est-il temps d'apprendre à boxer chaos debout contre le swing de la norme ?



Je ne sais si cette chronique rendra hommage à cette autre œuvre d'envergure d'Alain Damasio. Et pour cause, après la claque de La Horde du Contrevent, je m'attendais réellement à une saveur particulière qui fut plus longue à se faire sentir au palais.

L'auteur nous dépeint un monde dystopique où l'humanité connut quatre guerres mondiales. L'homme a choisi de coloniser l'espace dans le but de repartir sur des bases saines, laissant derrière eux quelques milliards d'infortunés contraints de rester sur une planète irrespirable. Les chanceux, eux, s'aliènent de toute forme de pensée, de tout pouvoir pour vivre une vie tranquille où l'émotion est reléguée au rang de simple mot dans le dictionnaire. Pire, chaque individu porte comme nom des lettres brassées au hasard, de 1-lettre 5-lettres, le nombre de caractères représentant leur place dans la hiérarchie (en sachant que A symbolise leur président). Voila, je vous ai décrit ce monde de perfection, sachez que la Volte va tenter de planter sa graine contre les rouages de ce système.
La Volte est un mouvement passif qui essaye d'éveiller les consciences et montrer que la vie vaut le coup d'être vécue seulement si on s'en donne la peine, que le pouvoir annihile toute passion pour asservir. En somme, qu'il est l'heure de se bouger.

Sincèrement, je le résume brèvement mais Damasio le décrit avec plus de force et en prenant son temps, si bien que la véritable action débute la première moitie passée. Du coup, les allergiques de la science-fiction ou du style d'écriture peineront à avancer. Hormis cela, ce livre vaut le coup d'être lu, ne serait-ce que par le message d'espoir qu'il dégage et le long cheminement pour y parvenir. Certes, c'est une histoire dite classique dans le genre, avec un système à réduire à néant pour la sauvegarde du peuple, mais l'auteur s'en sort parfaitement en nuançant son propos.
La fin ne m'a pas tellement surprise. Connaissant la Horde, je me doutais que l'auteur nous réservait quelques surprises de son secret, du coup c'était trop prévisible, ce  qui m'a légèrement déçue.
Dans l'ensemble, je garderai un bon souvenir même s'il ne sera pas aussi excellent que je ne l'escomptais.

Il faut également savoir que je ne conseillerai pas cette lecture a un trop jeune âge. Outre les scènes de sexe et les passages de violence, les idées et notions ne sont pas à la portée de leur compréhension et cela risquerait de les braquer dans la lecture en générale.
Les personnages sont plus ou moins attachants. Avec Catpt, ou Captain, le Snake et bien d'autre, tous tendent a rendre la Volte unique et magique et j'ai aimé évoluer en elle.
En ce qui concerne les personnages, ma seule déception va pour l'absence presque absolue de la gente féminine. Hormis Bdcht, plus communément appelée Boule de Chat, elles sont invisibles, a l'exception de représentation et évocation de scènes sexuelles, ce qui m'a grandement déplue. Certes dans une telle société, les femmes sont reléguées au rang inferieur mais bon, mon âme féministe (hanhan) en a empathie.
Je dois dire que la plupart des membres de la bande sont attachants. Le sort réservé à certains m'a ému, comme quoi je me suis quand même sentie concernée à un moment ou à un autre.

Le style d'écriture est la fois lourd et magique. Il faut savoir le digérer, sachant que le lexique soutenu et certaines tournures de phrases compliquent la donne. Ce livre est typiquement le genre de bouquin à lire la tête reposée.



Je m'attendais probablement a trop de choses de ce bouquin pour avoir pu l'apprécier a sa juste mesure. Oui, il est excellent par certains côtés mais j'ai tout de même senti quelques défauts qui m'ont échappé dans la Horde du Contrevent. Autrement, je ne recommande pas ce livre au jeune public, mais sinon je vous conseille de foncer si vous adorez la science-fiction : ce livre est fait pour vous !



11/20


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