30 août 2017

Au coeur du silence




Dans les Pyrénées françaises, un jeune couple marié est enseveli sous une avalanche alors qu'ils skient. Miraculeusement, Jake et Zoe arrivent à sortir de la neige... pour découvrir que le monde qu'ils avaient connu a été frappé par un étrange silence absolu. Leur hôtel est complètement vide. Les portables et les lignes ont été coupées. Une évacuation aussi soudaine et minutieuse laisse Jake et Zoe dans une terrifiante situation. Ils sont coincés dans la tempête, complètement isolés, avec une autre avalanche menaçant de les engloutir... à nouveau. Alors que le couple est témoin d'étranges évènements, ils sont confrontés à une terrifiante vérité concernant cette terre silencieuse qu'ils habitent désormais.



Choisi par un participant du challenge Choisir la prochaine lecture de sa PAL, cela fait des mois que j’avais programmés cette lecture sans parvenir à la caler. C’est maintenant chose faite.

Pourquoi ce livre ? Atterri dans ma PAL presque par hasard, j’ai avant tout succombé à mon premier essai de cet auteur avec Lignes de vie, récit familial sur fond de guerre mondiale. Après cette découverte (un de mes premiers partenariats, qui plus est), j’ai voulu découvrir d’autres univers de Graham Joyce. Me restera après cela Comme un conte et Les Limites de l’enchantement, et je pense avoir fait le tour de ses œuvres marquantes.

Au cœur du silence nous rapproche d’un couple, Jake et Zoe, ayant décidé de passer leurs vacances au ski dans les Pyrénées, leur premier amour. Partis skier un matin, ils seront emportés par une avalanche et s’en sortiront indemnes, ou presque. Sauf que de retour à l’hôtel, tout est vide. Ils ne rencontrent pas âme qui vive. Même résultat dans le village juste en dessous. D’hypothèses en hypothèses, le couple se tranquillisera, stressera, et le lecteur partagera leurs émotions avec un trouble non dissimulé.
Je dois dire que la première moitié est haletante. Un flot de questions se bouscule face à ces faits étranges et on s’interroge sur l’origine de tout ça. Une évacuation, un mouvement de panique, Dieu lui-même ? Le temps changeant et des preuves inexplicables confèrent au récit une ambiance calfeutrée et étrange qui correspond bien au souvenir que j’avais de Lignes de vie.
La suite est bien plus longue, et aurait gagné en intensité en l’allégeant d’une centaine de pages. On patine sans progresser d’un iota, on assiste seulement à des éléments de plus en plus troublants et on commence à croire que nos deux protagonistes, les seuls personnages présents dans l’intrigue, sont en réalité tout simplement fous.
De plus, j’ai trouvé que l’auteur en dévoilait parfois trop d’un coup, peut-être à son insu, ce qui pour moi a détruit le rebondissement final. Je ne sais si je fus particulièrement perspicace sur ce coup, ou si bon nombre des lecteurs avaient deviné comme moi l’ultime revirement, mais le fait d’avoir compris au bout des 50% passés du livre a tout simplement gâché cette fin, alors qu’elle aurait dû être belle et terriblement émouvante. J’en fus donc pour mes frais sur la seconde moitié, et ce jusqu’à la fin…

Les personnages ne manquent pas de panache, j’ai trouvé qu’ils avaient ce qu’il fallait de joie pour ne pas rendre ce livre pesant sur trois cent pages mais également ces instants de désarroi où l’inquiétude et la dépression emportent tout sur leur passage. Ils ne seront pas trop de deux pour tenir la barre du navire et faire en sorte qu’ils arrivent à bon port, tous les deux.

J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Graham Joyce. Certains la désignent comme vulgaire, je dirais surtout qu’elle a ce voile de naturel qui sied bien à une intrigue sans pudeur, qui nous plonge au cœur de la vie intime d’un couple en émoi. Si je n’apprécierai pas de lire une telle plume au quotidien, ici cela ne m’a pas dérangé outre mesure.



Si je fus déçue par la seconde moitié de ce récit, je garderai tout de même un agréable souvenir de cette intrigue haletante et finalement touchante, même si j’avais deviné la fin trop prématurément. Les personnages font face aux péripéties avec un mental appréciable. Et la plume semi vulgaire tend à les rendre plus humains. Je le recommande en guise de lecture au coin d’un feu de bois.



13/20




2 commentaires:

  1. Le premier Graham Joyce que j'ai lu (aussi le seul). Mon ressenti est un peu identique au tien, c'est-à-dire que j'ai d'abord été très intriguée, puis un peu mal à l'aise, avant que tout ne retombe lorsque j'ai deviné la fin. Même si je ne connais pas ces autres œuvres, il ne s'agit sûrement pas de la meilleure, Lignes de vie me tente d'ailleurs beaucoup.

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    1. Oui, c'est exactement ce que j'ai ressenti et je sais que nous ne sommes pas les seuls, Livraddict en recense d'autres ainsi. Lignes de vie est franchement bien mieux, il conserve ce côté malaisant mais l'auteur le pousse dans un cadre socio-temporel qui le permet donc ça rend bien mieux ! Je te le conseille en tout cas ;)

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