23 févr. 2018

Aquamarine, tome 1



c
2151, côte nord de l’Australie. La mer joue un rôle prépondérant dans la vie des hommes, qui exploitent les fonds océaniques.

Méfie-toi de l’eau ! Évite la mer ! Ne va jamais nager !

Telles sont les mises en garde que Saha Leeds, 16 ans, a entendues durant toute son enfance, car une étrange blessure héritée du temps où elle était bébé lui interdit toute activité sportive aquatique. Élevée, depuis son plus jeune âge, par sa tante sourde et muette après la mort de sa mère, elle ignore tout de son père.
À Seahaven, zone régie par les règles néo-traditionalistes, sa particularité physique fait d’elle une marginale, car tout le monde nage, plonge ou fait de la voile, et quiconque ne peut participer à ces activités s’exclut d’entrée de jeu de la vie sociale.
Saha a presque fini par accepter cette existence solitaire lorsque, poussée dans un bassin par des camarades de classe, elle manque se noyer. L’examen médical qui s’ensuit et l’amitié qu’elle noue avec le condisciple qui l’a sauvée après plus de quinze minutes d’immersion la conduisent à s’interroger sur sa nature. Bravant l’interdit, elle se risque en mer – et fait une découverte incroyable…



Pourquoi ce livre ? Suite à mon stage à la librairie L’Atalante, j’ai eu le droit de prendre un bouquin par jour de travail. Appréciant la chance qu’il m’était donné, j’ai écouté ma tutrice qui sortait justement de ce libre et qui me l’a hyper bien « vendu ». Ni une ni deux, il a rejoint ma pile à lire et j’ai profité de l’ABC Imaginaire 2018 pour l’en sortir. Sept mois de séjour dans ma pile, je dois dire que je bats des records en ce moment !

Je dois dire que le début commence parfaitement. L’auteur nous plonge dans le quotidien de Saha Leeds, l’héroïne que nous allons suivre tout au long de l’œuvre. Celle-ci semble susciter la moquerie et les méchancetés de ses camarades, l’amenant à faire un plongeon fortuit dans la piscine. Et l’adolescente s’est jusqu’ici tenue éloignée de l’eau, pensant ne pas savoir nager. Sauvé par un camarade tandis qu’elle a perdu connaissance, la jeune femme va sauter de révélations en révélations, de rebondissement en rebondissement jusqu’à remettre en question la totalité de son existence.
Andreas Eschbach a cette capacité de relater avec douceur une histoire somme toute banale. Une héroïne en mal être constant et croissant, qui se cherche sans parvenir à mettre le doigt sur ce qui cloche en elle. Ce livre se transforme ainsi en quête initiatique sur fond de science fiction, l’intrigue se déroulant en 2151 sur l’actuelle Australie. De nouvelles lois régissent la société, en particulier le néo-traditionalisme, cette magnifique hérésie où on cherche à retrouver les valeurs d’une autre époque, avec néanmoins beaucoup de contrôle technologique et de censure. Toutefois ne croyez pas que ce roman se veut la seule satire d’une société. Si l’auteur critique beaucoup, c’est suffisamment implicite pour ne pas avoir à se concentrer dessus si on n’a pas envie. Libre à vous d’avoir la lecture et le ressenti que vous souhaitez.
Ce livre se lit tout seul, vraiment. Comptant trois cents trente pages, je les ai dévorées en l’espace de deux jours, en loupant de peu une nuit blanche dessus. Saha est attachante par certains côtés, ce qui contribue à nous faire poser les mêmes questions qu’elle au cours de sa quête. C’est quelque chose qui nous attire indéniablement.
Je fus néanmoins déçue par la fin. Enfin je suis contente de l’endroit où l’auteur nous a amenés. Y’a un réel intérêt, avec l’apparition de l’action qui rend impossible l’envie de lâcher le bouquin. Sauf que l’auteur laisse ouvert cette fin, avec la possibilité d’embrayer sur un second tome – déjà paru en allemand. Et c’est là que le bât blesse. Pour moi ce tome se suffisait à lui seul, pas nécessaire d’étendre l’intrigue. Alors oui, ce n’est pas que pour l’argent, cette histoire a la capacité d’être approfondie et la quête de Saha peut être considérée comme inachevée. Pourtant elle en sait suffisamment pour ne pas prolonger plus avant l’aventure. Bref, je suis assez mitigée quant à ce choix, je ne parviens pas à déterminer s’il fut judicieux ou non pour l’ensemble du récit. Enfin je mentirai en disant que je ne lirais pas la suite, ce premier tome fut trop sympathique pour ne pas avoir envie de prolonger l’aventure aux côtés de cette jeune femme au caractère affermi.

Autant l’intrigue fut géniale par sa simplicité, sa douceur et sa facilité à être dévorée, autant j’ai eu un peu plus de mal au niveau des personnages. Chacun est nécessaire à l’intrigue, c’est indéniable. Cependant ils sont trop noirs ou trop blancs. Les méchants n’ont pas une once de gentillesse, même envers leurs amis où toute relation est définie par la quête de la puissance et de la richesse. Les gentils sont renfermés, timides, un peu geignards. Ils dégagent suffisamment d’empathie pour ne pas que cela agace si ce n’est pour Saha. Vers la moitié de l’œuvre, j’avoue volontiers que je lui aurai bien adressé deux ou trois baffes, histoire de la secouer. Hormis ce moment, le cheminement à ses côtés fut réellement sympathique.
J’ai beaucoup aimé Pigrit en revanche. Franc et volontaire, il ne s’embarrasse pas de détails quand il parle. Il est direct, honnête, sans se préoccuper des paroles qui peuvent heurter – sans que cela soit leur but. Les seuls moments où il devenait agaçant concernaient son amourette pour Carilja, la petite peste et fille à papa du maire de la ville. Autant dire qu’il n’avait aucune chance… Qu’il se fasse des illusions tant de temps m’a fatigué.
La tante est également une personne sensible. Sourde et muette, la discussion est difficile et pourtant Saha est vraiment proche d’elle grâce au langage des signes, un moyen de communication qui détiendra son importance dans la suite de l’intrigue. Bref, la tante fait figure maternelle sans être étouffante, c’est ce qu’il fallait pour équilibrer les relations.
Quant aux restes des personnages, je vous renvoie au premier paragraphe. La plupart m’ont énervé, d’autres m’ont laissé indifférentes. Ils servent à quelque chose mais… sont un poil trop stéréotypés à mon goût.

Je l’ai déjà affirmé implicitement mais la plume est magique, elle porte vraiment le récit avec une légèreté et une fluidité difficilement égalable. L’intrigue s’effeuille sans effort et la lecture pourrait s’effectuer d’une traite, pour peu qu’on ait du temps devant soi.



Je suis heureuse d’avoir opté pour ce livre en guise de première découverte d’Andreas Eschbach. Cet auteur a une façon particulière de dévoiler son intrigue, avec une douceur comme si nous étions confortablement installés sur du coton. Les personnages sont légèrement agaçants mais ne manquent pas d‘intérêt. L’intrigue est le gros point fort, dévoilant une quête initiatique sur fond de science fiction, pointant du doigt les travers de nos recherches scientifiques – le tout de façon discrète mais apportant un vrai plus. Déçue que ça ne soit pas un one shot, et pourtant je sais que je lirai la suite avec un plaisir certain !



16/20




4 commentaires:

  1. Le résumé est très intrigant et ta chronique me tente bien, pourquoi pas ?! :D

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    1. Je te conseille de céder à la tentation ^^ Il vaut le coup, pour peu qu'on aime la science-fiction light

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  2. Ouah, un livre par jour de travail, la classe !!
    De l'auteur, je te conseille Des milliards de tapis de cheveux, génial ! Il faudrait que je lise d'autres titres aussi, peut-être celui-là ? :)

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    1. Oui, je me sentais bien veinarde, mieux lotie qu'avec un pauvre salaire de stagiaire ^^
      Je prends note du conseil, j'avais justement ce titre dans le viseur, ton avis de connaisseuse me conforte dans mon choix ;)

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